EDITO: REJOUER POUR VIVRE !
Suspendus depuis mars 2020, au lendemain des premiers cas positifs de la Covid 19 au Gabon, les championnats nationaux d’élite de football sont toujours à l’arrêt. Près de 700 joueurs professionnels sont ainsi sur le carreau. Dans l’impossibilité d’exercer leur métier, ils n’ont plus reçu le moindre salaire depuis un an. L’ANFPG tire la sonnette d’alarme, alors que le quotidien des joueurs et de leur famille n’en finit pas de se dégrader...
Dans la situation actuelle, il est important de jeter un regard particulier sur ceux qui ont choisi de faire du football leur principale activité professionnelle au Gabon. Aujourd’hui, dans le contexte déjà difficile lié à l’environnement général du travail, c’est une double peine qui frappe les footballeurs et fragilise leur quotidien un peu plus chaque jour.
Au moment où les autorités sportives, en tête desquelles le ministère des Sports et la Fédération gabonaise de football, se mobilisent pour les rencontres de qualification à la CAN 2021 de mars prochain (face à la RDC et à l’Angola) en sollicitant l’union sacrée, il est important de se demander quel plan est élaboré, quelles actions sont mises en place pour parvenir - et à défaut la prévoir - à une reprise effective pour l’immense majorité des footballeurs locaux qui n’ont plus le droit de rêver à une sélection au sein des Panthères.
Au-delà de l’aspect sportif, et sans avoir besoin ici d’évoquer la détresse morale forcément induite et réellement inquiétante, c’est au niveau social qu’il convient d’alerter les pouvoirs publics et sportifs, alors que le quotidien des footballeurs est mis à rude épreuve face à l’absence de rémunération et d’aides salvatrices. Les clubs ne sont plus en capacité de répondre à leurs obligations et avancent comme raison à leur désengagement qu'il leur est difficile de verser un salaire à un improductif. Cette vérité, toute relative, renforce la précarité de ceux qui n’ont pu rentrer dans leurs droits que durant un mois en moyenne la saison dernière.
Cet état de fait est d’autant plus douloureusement vécu sur le plan sanitaire que cet arrêt forcé aura, sans le moindre doute, des répercussions non négligeables sur des athlètes dont le “corps est l’outil de travail”.
Dans ces conditions, il est urgent que le gouvernement et les autorités compétentes en la matière portent un regard particulier sur la situation de détresse de ces professionnels qui sont sans activités, sans emplois et donc sans revenus. C'est dans cet esprit que L'ANFPG a lancé, aux premières heures de cette crise, “les Boutiques Solidaires” afin de soutenir ces footballeurs en détresse.
La Covid-19 est là, qui s’installe au cœur de nos vies, bouleverse nos habitudes, s’attaque à notre santé, détruit nos économies et les liens sociaux. Pour autant, nous ne devons pas renoncer, attendre sans essayer de trouver les solutions qui nous permettraient, dans un premier temps, de faire face, de retrouver des raisons de croire en l’avenir et de se préparer, comme nous l’espérons tous, à un retour à la normale. Entourés de toutes les garanties sanitaires nécessaires - et seulement si nous avons la certitude qu’elles sont réunies lors des regroupements, des entraînements et des matches -, il serait temps d’apprendre à dribbler la Covid afin que le football reprenne vie au Gabon comme cela est devenu une réalité dans beaucoup d’autres pays, y compris en Afrique.
Les démarches que l'ANFPG a entreprises auprès de la Primature, du ministère des Sports, du Sénat et de l’Assemblée nationale visent à définir un véritable "Statut du joueur de football professionnel au Gabon” afin de trouver une solution pérenne aux problèmes rencontrés par une population qui ne demande qu’à retrouver tout ou partie de son activité professionnelle. Qui ne demande qu’à vivre !
En attendant, et pour leur bien-être, deux possibilités s’offrent à nous :
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Soit nous relançons les championnats de football de Première et de Deuxième divisions en les adaptant aux exigences sanitaires actuelles;
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Soit nous leur accordons un accompagnement forfaitaire pour leur permettre de survivre jusqu'à la reprise officielle des activités.
Il en va de l’équilibre social et moral des acteurs et de l’avenir de notre football car les performances de l’équipe nationale et de nos internationaux à l’étranger ne sont que l’arbre qui cache la forêt et entretiennent le mirage d’un football gabonais toujours en vie, alors que la réalité est toute autre, triste, désolante, catastrophique pour toute population de joueurs abandonnés sur le bord de la route, et qui ne demandent pourtant simplement qu’un peu de considération, qui appellent à l’aide, plutôt au secours, et revendiquent leur droit de travailler. D’exister.
On ne saurait faire la promotion du football gabonais si les acteurs locaux, oubliés, démunis et désemparés, ne peuvent plus prétendre désormais à une place en équipe nationale, à une place dans la société dont ils sont des membres comme n’importe quel autre Gabonais, comme n’importe quel autre salarié !